AVNES

Fin mai, le printemps s’attarde à Paris. Alors que, place d’Italie, les dernières grappes de fleurs mauves quittent avec regret les branches de Paulownia, une nouvelle édition du concert “Sur la colline de mon pays” a lieu à l’intention des mélomanes de la splendide capitale, pour marquer le septième anniversaire de la disparition du musicien Trinh Cong Son.

          Une longue journée dans mon pays
          Aujourd’hui les enfants ont grandi
          Une vieille femme regarde, inquiète
          Elle attend que le vent faiblisse ...

Une voix s’élève, tourmentée par les événements des années 1960, par les ravages de la guerre du passé, ouvrant le programme de la soirée. Sur la scène de la salle des fêtes de la mairie du 13^ème arrondissement, aucun chanteur, aucun instrumentaliste : sous la fresque monumentale de style Renaissance, se trouve le portrait du défunt auteur-compositeur. C’est donc la voix du poète lui-même qui donne le coup d’envoi d’un programme artistique particulièrement riche.

La scène de “Sur la colline de mon pays”  (photo Xuan Kinh)

A la suite de “Frère Son”, Hong Anh, de Paris, enchaîne sur l’air de Mot Buoi sang mua xuan [Un Matin de prrintemps]. La voix suave et émouvante de Hong Anh revient, pour le plus grand bonheur des amoureux de la musique de Trinh Cong Son, avec une tendre berceuse :

          Dodo dodo
          Dors mon bébé dors
          Mon bébé venu au monde ...

Pourquoi la voix familière des soirées musicales de l’Association culturelle Trinh Cong Son, nous touche-t-elle autant ce soir ? Chaque note, chaque vers de chaque morceau, semble aller droit au cœur de chacun des nombreux spectateurs.

C’est au tour de Thuy Tien de monter sur scène pour chanter de sa voix cristalline et passionnée Xin cho toi [Donne-moi], Ca dao me [Chanson populaire de la mère]. A travers un échange animé avec l’écrivain Mai Ninh, gracieuse animatrice de la soirée, les spectateurs parisiens font connaissance avec le chemin artistique semé d’embûches qu’a parcouru Thuy Tien : “Le sort ne l’a pas gâtée et pourtant, Tien n’avait rien perdu de son optimisme, elle a appris à parler, à chanter en plongeant la tête dans une jarre de manière à entendre le son de sa voix pour se corriger…” Mais ce qui marque le plus le public parisien fin connaisseur, c’est l’amour qui transparaît dans le chant de Thuy Tien et qui lui vaut des tonnerres d’applaudissements, des paroles pleines de sollicitude, des petits mots griffonnés sur un bout de papier, des photos prises pour immortaliser ces instants mémorables…

 Les artistes Duc Tuan, Thuy Tien, Hong Anh, Dan Thanh, Mai Ninh, Gilbert Hai, Thanh Hai sur scène (photo Thien Phuoc)

 Thanh Hai, qui participe régulièrement, lui aussi, aux soirées consacrées à la musique de Trinh Cong Son depuis 30 ans, interprète ce soir Nuoc mat cho quê huong, Ngu ngon cua mua dong et surtout Lai gan voi nhau. Sa voix semble défier le temps, depuis l’époque du groupe “Sang tac moi” [Nouvelle création] du début des années 1980 : chaleureuse, envoûtante, puissante, elle touche les auditeurs, encore et toujours.

Enfin, très attendu, Duc Tuan est le dernier à faire son apparition et à nous gratifier de pas moins de douze chansons d’amour, de Trinh Cong Son mais également de Pham Dinh Chuong, Cung Tien et Pham Duong : Hành huong tren doi cao, Song ve dau, Chiec la thu phai, Ru ta ngam ngui, Tinh xa, Doi mat nguoi Son Tay … La voix confiante, éloquente et si expressive du jeune artiste conquiert sur-le-champ le public parisien, surtout lorsque, faisant “cavalier seul”, il chante a capella Paris co gi la khong em, dédiant spécialement cette chanson aux habitants de la Ville-Lumière. Hélas, le temps nous est compté, il est minuit passé et les amateurs de chansons d’amour vietnamiennes à Paris se résignent à faire leurs adieux à Hong Anh, Thuy Tien, Thanh Hai, Duc Tuan, Dan Thanh (au piano), Gilbert Hai (à la guitare) qui ont donné le meilleur d’eux mêmes tout au long de la soirée, en les applaudissant à tout rompre, et l’ovation enthousiaste ne semble devoir jamais s’arrêter…

Le chanteur Duc Tuan (photo Xuan Kinh)

 Plus de 400 personnes ont répondu à l’invitation de l’Association culturelle TCS et d'AVNES (ex VHI-France) pour participer à cette soirée dont les bénéfices permettront de financer les programmes de micro-crédit en faveur des districts de Le Thuy (province de Quang Binh) et de Tam Nong (Dong Thap). “Sur la colline de mon pays” est également une éclatante réussite en ce sens que la musique a ravivé dans le cœur des mélomanes tant de souvenirs chéris du pays natal.

 

 Minh Giang, 29/05/2008

Traduction de Phan Ngoc Dung.
Texte original : Tháng năm Paris và  "Trên Đồi Quê Hương"

Quelques extraits du concert au format MP3 :
Xin cho tôi, interprétation de Thủy Tiên
Nước mắt cho quê hương, interprétation de Thanh Hải
Một buổi sáng mùa xuân, interprétation de Hồng Anh
Chiếc lá thu phai, interprétation de Đức Tuấn